FranceA J-5, pour Macron et Le Pen la course aux électeurs de gauche bat son plein

France / A J-5, pour Macron et Le Pen la course aux électeurs de gauche bat son plein
Des partisans du président français et candidat centriste Macron se rassemblent alors que la candidate d’extrême droite Marine Le Pen arrive à Saint-Pierre-En-Auge pour une réunion électorale Foto: AP/dpa/Jeremias Gonzalez

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

A cinq jours du second tour de l’élection présidentielle, les deux finalistes cherchent frénétiquement à élargir leur base électorale du 10 avril, pour franchir enfin la barre des 50% de votants qui permettra soit à Marine Le Pen de s’installer à l’Elysée, soit à Emmanuel Macron d’y demeurer cinq ans de plus. Et cette quête de nouveaux suffrages passe par certains réaménagements de leurs programmes respectifs.

Pour l’un comme pour l’autre, le plus vaste électorat du premier tour dont il s’agit de conquérir une partie dimanche prochain est paradoxalement celui du candidat qui les aura le plus voués aux gémonies: Jean-Luc Mélenchon, qui a totalisé 21,9% des voix. Et qui, comme il l’avait déjà fait en 2017, s’est refusé à appeler à voter Macron au second tour, tout en martelant qu’aucun des suffrages qui l’avaient soutenu au premier ne devait se reporter sur Mme Le Pen.

Il a consulté ses partisans par référendum interne, étant entendu que l’option de voter Le Pen ne figurait pas parmi les choix proposés. Les intéressés ont répondu en faveur du vote blanc à 37,65%, le vote en faveur de Macron arrivant ensuite avec 33,4% des voix, devant l’abstention avec près de 29%. Mais les sondages indépendants montrent qu’en fait la proportion d’électeurs mélenchonistes prêts à voter pour la candidate du Rassemblement national serait de 20 à 25%, leur détestation du président sortant surpassant celle que peut leur inspirer la candidate d’extrême droite.

Cette dernière, il est vrai, s’emploie plus que jamais à séduire cet électorat certes situé très à gauche, mais qui a déjà flirté plusieurs fois avec le lepénisme. Il s’agit manifestement pour elle de présenter à cet électorat un profil résolument „social“, sans cesse opposé à celui de M. Macron. Mme Le Pen avait déjà fait activement campagne, par exemple, contre le projet macroniste de remonter l’âge de la retraite à 65 ans pour compenser les effets sur le budget des caisses de retraites de la forte augmentation de l’espérance de vie.

Le Pen sociale, Macron passionnément vert …

Elle donne aussi désormais une importance particulière, dans ses dernières interventions, à la défense du pouvoir d’achat des Français. Y compris en multipliant les promesses de primes, rabais et crédits d’impôts pour les plus modestes et pour les jeunes, et en dénonçant inlassablement les hausses tarifaires imputées à la situation internationale par l’exécutif. Quant aux quelque 617.000 euros de fonds européens qui auraient été „indûment versés“ à des élus de son parti, dont elle-même, Mme Le Pen les balaie d’un revers de manche: „J’ai l’habitude des coups tordus de Bruxelles!“

Mais M. Macron n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de courtiser l’électorat de gauche, principalement mélenchoniste: pendant que sa rivale d’extrême droite se découvrait une passion pour la politique sociale, lui-même, comme touché sur le tard par la grâce écologiste, tombait passionnément amoureux des questions environnementales.

Des questions dont il semble avoir découvert que si elles n’ont guère fait briller le candidat des Verts, Yannick Jadot (4,63% des voix au premier tour), en revanche elles sont très présentes au cœur des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Et rien ne lui semble excessif pour verdir son programme: il a par exemple promis samedi à Marseille que s’il était réélu, son futur premier ministre serait aussi „le coordinateur de la planification écologique“…

En attendant le grand débat

Sur le plan institutionnel, s’il fustige le rêve lepéniste d’une transformation de la Constitution par référendum, en revanche il n’exclut plus du tout d’introduire dans les élections législatives une dose de représentation proportionnelle, vieille revendication de plusieurs partis, de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par le centre, qui ont tous, il est vrai, de quoi de se sentir lésés par le système majoritaire actuel.

Pour l’instant, cette course parallèle aux électeurs de gauche ne semble pas modifier radicalement la teneur générale des sondages, qui continuent d’accorder au locataire actuel de l’Elysée une bonne chance de le rester, avec quelque 53% des intentions de vote contre 47 pour Marine Le Pen. Et cela, même si le „front républicain“ est manifestement moins virulent qu’en 2002 contre Jean-Marie Le Pen, et en 2017 contre, déjà, sa fille Marine.

Il est vrai que – tout le monde est au moins d’accord sur ce pronostic – ce qui serait surtout susceptible de faire varier ces projections, c’est le grand face-à-face télévisé organisé demain soir, et pour lequel chacun des deux candidats se prépare discrètement mais très activement. Marine Le Pen surtout, sans doute: elle n’a pas oublié comment, il y a cinq ans, elle avait ruiné en quelques minutes, face à un Macron très à l’aise, ses chances d’accéder à l’Elysée.