Concert sold outGossip: Flamboyance électrique à l’Atelier

Concert sold out / Gossip: Flamboyance électrique à l’Atelier
Se produira à l’Atelier ce soir: Gossip Photo: archives Editpress

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Avec Nathan Howdeshell à la guitare et à la basse, Hannah Blilie à la batterie et la flamboyante Beth Ditto au chant et au piano, Gossip cristallise la pop depuis 25 ans. A la fois rock années zéro, garage abrasif et poussiéreux, glam étincelant, punk queer ou dance music grand public, le trio de Portland est inusable. Gossip joue samedi soir à l’Atelier. Le concert et „sold out“  – c’est l’occasion de revenir aux sources de ce groupe culte.

C’est avec brio que Gossip ouvre les années zéro. L’année 2001 marque le véritable basculement vers le nouveau siècle; celui-ci sera technologique, électronique, progressiste? Certes, mais c’est toujours dans les vieux pots, on le sait, qu’on fait les meilleures confitures: la combinaison gagnante guitare-basse-batterie n’en finit pas de faire son come-back. C’est „le retour du rock“. The White Stripes compte déjà deux albums à son actif („The White Stripes“, 1999; „De Stijl“, 2000), mais The Libertines n’a pas encore publié son premier LP, „Up The Bracket“ (2002). 15 jours avant les attentats du World Trade Center, les New Yorkais de The Strokes sortent „Is This It“, un disque historique, rétro-moderne. Le siècle garage peut commencer –  et le nouveau millénaire sera rock?

En réalité, Gossip l’inaugure déjà en janvier 2001 avec „That’s Not What I Heard“, un opus en guise de carte de présentation, avec sa pochette marinière rouge et noir – rouge vif sanguin, pour la fièvre brute, ou noir pour la fureur punk. Au total, moins de 25 minutes de déluge sonique, de fulgurances comme des coups d’éclair sur les murs en sueur. Le tout recadré, si l’on peut dire, par le chant des tripes de Beth Ditto, qu’elle parle au pluriel, au nom des femmes, ou qu’elle hurle, à la première personne du singulier. Lesbienne revendiquée, située, physiquement, sur la ligne opposée d’une Kate Moss (avec qui elle est amie), armée d’un phrasé aussi direct, tranchant (et même drôle) que son chant, Beth Ditto s’impose en tant que figure rock ’n’ roll et en tant que modèle top. Dans le rock, si tout a été joué, si tout a été fait, il y a encore tant à dire et tant à crier; c’est, aussi, la raison pour laquelle le rock ne peut pas repartir.

Beth Ditto, queen queer

Beth Ditto lors du Rock en Seine à Paris en 2024
Beth Ditto lors du Rock en Seine à Paris en 2024 Photo: AFP/Anna Kurth

Beth Ditto naît à Searcy (Arkansas) en 1981. Le début des années 1980 voit l’émergence – et le succès – de groupes homosexuels, tels que Culture Club, Wham! ou Pet Shop Boys. Ce sont des références pour Beth Ditto, et, à l’évidence, des points de repères pour la pop. Si le disco et une partie de la synth-pop, genres inclusifs, permettent de libérer à la fois le corps et la tête, la société reste, en grande partie, homophobe; c’est ce que vient rappeler Bronski Beat. Beth Ditto le sait, elle va le voir, le vivre et puis plus tard, elle le transcende, à son tour, par la musique. Jusqu’à devenir une figure emblématique des minorités sexuelles, en étant très active pour la cause LGBT. Car, pendant longtemps, les symboles, de Jimmy Somerville à Boy George, ce sont des hommes. Alors, pour reprendre Patrick Juvet: où sont les femmes?

Le lieu de la naissance, cette fois de Gossip, est symbolique. C’est à Olympia (Washington) que Nathan Howdeshell, Kathy Mendonça et Beth Ditto fondent le groupe, soit la ville de Kurt Cobain, mais aussi des Bikini Kill – autrement dit, l’épicentre des riot grrrls. Alors, à la question „Où sont les femmes?“, la réponse est là: dans le hard rock de Fanny certes, groupe dont deux de ses membres sont lesbiennes, mais surtout dans le punk, de son explosion jusqu’aux nineties. Finies les girls bands encadrées par un homme; les groupes féminins se développent; dans le punk, les femmes qui ont des revendications sur leur condition y sont les bienvenues; du moins, elles s’y font une place, en arrachant le micro. Et Beth Ditto, avec Gossip, d’incarner le prolongement du punk féministe. Il s’agit d’une relève version nouveau siècle. Et – par rapport à un combo hardore comme Jack Off Jill – d’un pendant ultra-populaire. Car Beth Ditto est une pop star.

Top model

Pour remonter encore plus loin dans le temps, il y a du glam chez Gossip. Le glam, ce genre qui envoie des coups de platform boots sur le modèle rigide de l’hétérosexualité. Si, dans les années 1960, il y a la libération sexuelle, dans les années 1970, avec le glam, il s’agit d’une libération des sexualités. La musique s’avère indissociable de l’image – de l’excentricité, du sexy ambigu. Chez Gossip, il y a, d’un côté, l’interprète charismatique, de l’autre, la femme fashion, aux tenues et coiffures extravagantes; avant d’être chanteuse, Ditto était coiffeuse. L’Américaine défile pour Jean Paul Gaultier en 2010, côtoie ensuite Karl Lagerfeld, devient égérie pour Calvin Klein … En plus d’être un modèle top, Beth Ditto est un top model.

Enfin, si le timbre de Beth Ditto est imprégné de gospel, c’est aussi, évidemment, du côté du garage que lorgne le trio de Portland; et là il s’agit du genre – protopunk joué avec l’énergie des premières fois – autant que du bâtiment qui sert à abriter un véhicule: „That’s Not What I Heard“ est enregistré dans le garage de Kathy Mendonça. Sorti en mars dernier, „Real Power“ retrouve cette fougue garage, après avoir bifurqué, parfois, vers le rock FM. Alors que la chanson-titre renvoie aux manifestations Black Lives Matter à Portland, on y trouve aussi du disco, du dub („Don’t Be Afraid“) et un hommage à Alison Statton, de Young Marble Giants („Crazy Again“). Mais aussi: une invitation à aller (re)voir le groupe en concert. Car, on le sait: rockeuse queen et icône queer, Ditto est une „Beth“ de scène.

Le concert – sold out

Gossip, le 7 septembre à partir de 19 h à l’Atelier (54, rue de Hollerich, Luxembourg)