Louane au NeimënsterLa voix à suivre

Louane au Neimënster / La voix à suivre
Louane se produira au Neimënster, le 17 juillet Photo: archives Editpress/Le Bon Bourgeois

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Il y a dix ans déjà, Louane incarnait Paula, une jeune chanteuse en devenir, dans „La Famille Bélier“. La réalité a dépassé la fiction: depuis, c’est peu dire qu’elle a fait du chemin. Louane est en concert ce soir au Neimënster, alors faisons un point, de sa participation à L’Ecole des stars à son statut de star de la variété française.

C’était il y a dix ans. Louane, alors adolescente, crevait l’écran avec „La Famille Bélier“ (Eric Lartigau) en tant que Paula, aux côtés de Karin Viard et de François Damiens, deux acteurs qui pourtant occupent bien l’espace, avec leur loquacité. Les parents qu’ils interprétaient étaient sourds-muets, contrairement à Paula: ceci pouvant expliquer cela. Paula avait de grandes responsabilités: elle devait assurer le rôle d’interprète, en traduisant ce que disaient ses parents. Ce n’est pas tout: elle chantait aussi. Dans son cas, forcément, il y avait de quoi prendre conscience que la voix est précieuse. Alors, il fallait la transcender, par le lyrisme. Récapitulons: Louane jouait Paula, non seulement en parlant en partie la langue des signes, mais aussi en faisant vibrer son grain, suave et mélancolique, durant ses cours de chants. Le spectateur s’y glissait, comme une petite souris, pour assister en fin de compte à la naissance d’une star.

Si, au cinéma, des voix d’actrices résonnent à jamais dans nos têtes, celle de Jeanne Moreau jusqu’à celle d’Anna Mouglalis (pour citer des timbres graves), celle de Louane continue de retentir, en repensant à ses envolées lyriques. Et ce, via le „Je vole“ de Michel Sardou; la version de Paula lui a donné une évidente nouvelle jeunesse, voire une fraîcheur quasi insoupçonnée. Cela va de soi: Louane est une voix de cinéma en tant que chanteuse. Et si un an avant „La Famille Bélier“, elle a marqué les esprits dans The Voice, le film a fait office, pour l’artiste, de tremplin définitif. Il y aurait même de quoi se questionner: son César du Meilleur espoir féminin n’était-il pas aussi une forme de Victoire de la musique? Peu importe: chant ou jeu, elle méritait les deux.

Bien plus qu’au cinéma, la vie d’Anne Peichert, son vrai nom dans le civil, est liée à la musique depuis le plus jeune âge. Après avoir été enfant de chœur, sa nourrice Monique l’inscrit à un concours de chant alors qu’elle n’a que huit ans. Si elle ne pousse pas la chansonnette à L’Ecole des fans, Louane participe, quatre ans plus tard, à L’Ecole des stars. Elle y interprète notamment le titre d’un autre Michel, Legrand cette fois, le splendide „Les moulins de mon cœur“. Vient The Voice en 2013. Puis „La Famille Bélier“. Il y a bien eu quelques films et téléfilms, comme „Nos patriotes“ (Gabriel Le Bomin, 2017) ou „Les affamés“ (Léa Frédeval, 2018), mais, davantage que les plateaux de cinéma, ce sont les scènes de concert que Louane occupe. Et électrise. Vue à la télé, vue dans des films, d’accord. Mais c’est en live qu’il faut la voir. C’est là qu’elle vole.

Star next-door

En ayant vu naître Louane en tant que chanteuse dans „La Famille Bélier“, on pourrait parler de sentiment de proximité. Anne Peichert possède une aura de star „next-door“. Détournons l’adage qui dit que „Qui se ressemble s’assemble“ pour „Qui ressemble rassemble“. Louane rassemble en ressemblant à ses auditeurs, ceux de ladite génération Z. En chantant, elle leur parle. Comme elle reprenait des morceaux dans The Voice ou ailleurs, les siennes peuvent être reprises, à titre personnel, dans le sens de l’appropriation.

Parfois pompières, les compositions collent à l’époque, entre chanson française traditionnelle, synth-pop 2.0, post-R&B et ballades légères en surface et profondes sous le sifflotement. Un titre comme „Tranquille“ percute avec son beat, langoureux, à l’horizontal, et ses claps, chevauché par des notes de piano qui avancent, oui, tranquillement. „Jeune“ se pose en hymne („On est si jeune, comme un cri“). Dans „Avenir“, morceau qui parle d’une rupture, Louane chante: „J’espère que tu vas souffrir“; la colère traduit la douleur, qui est diluée par la douceur. „On était beau“, avec la patte de Dany Synthé, parle de ces relations où l’amour fou vire à la folie amoureuse.

Louane est aussi un modèle de combativité. Elle a perdu ses parents alors qu’elle n’avait pas 18 ans. „Chambre 12“, son premier album, renvoie au numéro de la chambre d’hôpital de son père. „Maman“ se révèle émouvant en tant que morceau, mais aussi en tant que confession. Lorsque Louane avoue, sur un piano désenchanté, „J’ai perdu le goût de la fête, maman“, ses mots font échos à sa déchirure – comment peut-il en être autrement?

Son troisième album s’intitule „Joie de vivre“ (2020). „Pleure“ est alors une chanson dansante, comme s’il fallait piétiner les larmes. Sur ce disque, Louane se regarde dans le miroir, mais celui d’un rétroviseur; elle fait un point sur son parcours. Composé de chansons piano-voix, „Sentiments“ (2022) est encore plus nu. C’est tout elle. Peut-être aussi parce que c’est elle qui y fait tout? Elle y est autrice, compositrice et interprète. „Dans ma tête“, „Tu me manques“, „A quoi tu penses“, l’introspection jalonne le disque. Dans une version agrémentée de bonus, l’album prend ensuite le nom de „Sentiments heureux“, puis celui de „Sentiments heureux (nan j’déconne)“ – la joie de vivre ou l’impossibilité du bonheur, on ne sait plus sur quel pied danser. Au Neimënster, ça sera sur les deux.

Louane

En concert au Neimënster (28, rue Münster, Luxembourg-ville), le 17 juillet à partir de 18 h.