FranceMélenchon multiplie les promesses sociales … et s’engage à les réaliser dès son élection

France / Mélenchon multiplie les promesses sociales … et s’engage à les réaliser dès son élection
Mélenchon s’est engagé à réaliser ses promesses sociales dès son élection  Photo: AFP/Christophe Archambault

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Jean-Luc Mélenchon, candidat de l’extrême gauche populiste à l’élection présidentielle d’avril, avait organisé, dimanche à Paris, une „marche pour la VIe République“, suivi d’un grand meeting sur la place du même nom. En affluence, l’opération aura été un succès: des principales villes de l’Hexagone, et bien sûr de la capitale, plusieurs dizaines de milliers de militants et sympathisants de son parti, La France insoumise (LFI), étaient venus en nombre.

Avec sa traditionnelle verve tribunitienne, M. Mélenchon a développé à nouveau les thèmes centraux de sa campagne. Non sans avoir pris soin de dédier ce rassemblement „à la résistance des Ukrainiens contre l’invasion russe“, ce qui dénote une certaine aisance dans le retournement tactique si l’on se souvient qu’il y a trois semaines encore, il se posait en fidèle défenseur de Vladimir Poutine et jurait que la Russie ne présentait aucun danger pour ses voisins …

La démocratie française a été abaissée et sévèrement déclassée

Jean-Luc Mélenchon

C’est en tout cas à ses projets sociaux qu’il a consacré l’essentiel de son discours, en insistant sur le fait qu’il ne s’agissait pas de promesses à l’accomplissement plus ou moins lointain, mais de décisions qui seraient prises dès l’instant de son élection. „Si l’Union populaire l’emporte, il y aura, le jour même, le décret sur l’augmentation du salaire minimum à 1.400 euros et le décret sur le blocage des prix“, a-t-il ainsi martelé. Car „ces deux décisions ne dépendent que d’un décret; elles ne dépendent que d’une signature: la mienne!“

Et d’ajouter: „Je bloquerai le prix de l’essence, et je fais mienne la proposition des conseillers régionaux de La France insoumise qui demandent la gratuité totale des transports en commun tant que durera la crise des carburants.“ Sans préciser, là non plus, comment seraient financées ces mesures sociales … De même pour un retour de l’âge de la retraite à 60 ans. „C’est simple“, a-t-il expliqué, „vous voulez la retraite à 65 ans, alors votez Macron; vous la voulez à 60, alors votez pour moi. Pas la peine de faire des grèves, il vous suffit d’un aller et retour vers le bureau de vote!“

La tortue contre le lièvre

Derrière cette dernière objurgation se cache sans doute un souci à propos de l’abstention, qui s’annonce encore plus élevée que les quelque 28% des électeurs inscrits lors du dernier scrutin présidentiel, et dont l’extrême gauche estime, comme d’ailleurs l’extrême droite, qu’elle ne peut guère favoriser que le président sortant. Et cela alors même que dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon poursuit son ascension, au détriment de plusieurs autres candidats de gauche et d’extrême gauche. On avait ainsi prédit que le retrait de Christiane Taubira, faute de parrainages d’élus locaux et nationaux suffisamment nombreux, profiterait plutôt à la candidate socialiste, Anne Hidalgo; or c’est le leader de LFI qui semble avoir raflé la mise.

Mais bien qu’il soit d’abord en compétition, pour le premier tour, avec ses challengers de gauche, c’est à Emmanuel Macron qu’il réserve désormais toutes ses attaques, accusant notamment: „Ce quinquennat a été marqué par une incroyable dérive autoritaire. La démocratie française a été abaissée et sévèrement déclassée.“ M. Mélenchon voit en outre l’institution scolaire comme „la prochaine cible“ du président sortant au cas où celui-ci serait réélu. Il promet par ailleurs d’amnistier tous les casseurs condamnés dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes, et de réintégrer tous les soignants mis en disponibilité pour avoir refusé de se faire vacciner contre le Covid-19.

Son pari est évidemment de grappiller le maximum de voix pour arriver en seconde position face au président sortant, pour l’affronter au second tour plutôt que de voir se rejouer le match Macron-Le Pen qu’annoncent les sondages. A cette fin, tout est bon à prendre … Parti très tôt dans la course, il se dépeint volontiers comme la tortue de la fable de La Fontaine, dont la ténacité patiente finit par avoir raison de l’imprudence du lièvre, „parti trop tard“ – mais à qui peut-il bien penser?