Samstag13. Dezember 2025

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ForumRené Kollwelter dit non à l’agrandissement de l’enceinte sportive à Kockelscheuer

Forum / René Kollwelter dit non à l’agrandissement de l’enceinte sportive à Kockelscheuer
 Photo: archives Editpress/Fabrizio Pizzolante

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Voilà de retour une discussion publique qui a été menée, tambour battant, il y a plus de 17 ans, et dont le fruit a été notamment la construction du nouveau stade de football et de rugby à Kockelscheuer. Dans ces colonnes, un des rédacteurs en chef du journal, a mis le feu aux poudres récemment en abordant le sujet par un aspect particulier. 

Aujourd’hui certains, des novices dans la discussion, dont le ministre actuel, proposent d’agrandir le stade national à Kockelscheuer pour la simple raison qu’il a été „sold out“ à l’occasion de quelques têtes d’affiches de football hyper-intéressantes. C’est aller un peu vite en besogne, il me semble. Mais commençons par le début.

René Kollwelter est un ancien député et ancien conseiller d’Etat
René Kollwelter est un ancien député et ancien conseiller d’Etat

Il y a plus de 17 ans, le soussigné, avec de nombreux autres anciens sportifs, avait mis sur pied une association qui proposait notamment de regrouper toutes les infrastructures sportives futures à construire à un même endroit, à Kockelscheuer, à une encablure du stade actuel. L’idée était de mutualiser, par une approche systémique, un certain nombre d’infrastructures dans le but de créer une véritable zone d’activités sportives, à l’instar des zones d’activité ou ZI dans le domaine économique. Cette véritable cité des sports, appelée globalement „Kockelarena“, devait comprendre notamment un stade de football, un stade d’athlétisme, un vélodrome, des parkings, des installations techniques communes, et un parking (ce dernier réalisé entretemps), mais également d’autres infrastructures publiques, citons le Lycée des sports, la Maison des sports regroupant toutes les fédérations nationales et le COSL, un musée des sports, le siège du ministère des Sports, le service des sports de la Ville de Luxembourg (c’est fait), le siège de la médecine sportive, l’agence nationale contre le dopage, etc.  

Dans le domaine des infrastructures privées, on avait proposé la construction d’un grand hôtel à dominante sportive, une ou plusieurs brasseries (pour jouer notamment la troisième mi-temps, très importante dans tous les sports!), un grand magasin sportif et éventuellement une galerie commerciale. Certes, il n’était pas question de tout construire en même temps, on aurait pu prévoir un échelonnement dans le temps ou „prioriser“ (comme on dit faussement aujourd’hui) les diverses constructions. 

Ce projet a trouvé un écho incroyable auprès du public, mais les décideurs gouvernementaux et communaux de l’époque, pour des raisons que je vous expliquerai une prochaine fois, ont complètement ignoré ce projet, oui, visionnaire. Refusant même de procéder à des études ad hoc, comme le proposait également le Conseil d’Etat. Le ministre de l’époque parlait même, sans preuves réelles, et pour torpiller le projet, de coûts budgétaires trop importants.

Il importe de rappeler aux plus jeunes qu’à l’époque, maints décideurs politiques, au niveau gouvernemental et au niveau communal, auraient préféré, soit de rénover, une fois de plus, le stade vétuste de la route d’Arlon, ou de favoriser une nouvelle construction dans le cadre d’un projet immobilier d’envergure, notamment commercial, à Livange. Tandis que la première solution évoquée était un vrai pis-aller et un cautère sur une jambe de bois, la seconde sentait trop l’affairisme, car promue e.a. par un acteur du secteur immobilier un peu trop véreux, soutenu par un ministre qui préférait se consacrer à ses poupées russes appelées encore matriochkas … Poutine vous salue et Selensky vous emmerde! De peu, le même ministre a échappé à un vote de défiance à la Chambre des députés … Plus tard il était même obligé de rentrer précipitamment d’un voyage officiel au Vietnam, pour faire fonctionner la broyeuse. 

Sur le terrain, finalement, il ne se passa rien de concret … Félicitations rétroactives! Il en fut d’ailleurs de même avec le vélodrome, prévu initialement à Cessange, par une échevine de la VdL (ir)responsable, devenue la risée de tout le monde, car le projet avait plus de défauts que de pistes cyclables. Passons sur les détails. Une vraie débâcle, une vraie débandade! Signalons que l’ensemble du projet Kockelarena fut publié dans un document appelé „Livre blanc des infrastructures sportives futures“, sous la plume du soussigné et édité chez Génération 21 en mars 2008. 

Vous ne pouvez pas savoir le nombre de personnes intéressées par le sport qui m’interpellent, encore aujourd’hui, plus de 17 ans après, pour regretter que ce projet n’ait jamais vu le jour, ou, pour le moins, que sa réalisation ne fut même jamais étudiée. Il est vrai que le COSL, par exemple, pour ne heurter personne, subventions étatiques obligent, a pratiqué sa discipline olympique favorite: faire le canard!  

Constats d’aujourd’hui

Aujourd’hui, des années après, que constatons-nous ? Certes et heureusement, on a construit un stade de football et de rugby, à une encablure du projet Kockelarena, et dont le mérite de la réalisation, sur le plan politique, revient surtout à la bourgmestre de la Ville de Luxembourg, et, sur le plan du lobbying, à la FLF et à Kockelarena asbl. Hélas, le stade se trouve au milieu de la pampa, sans lien direct avec d’autres activités. Les spectateurs sont priés d’aller jouer la troisième mi-temps ailleurs … 

Furent également réalisés dans les environs, et figurant déjà à l’époque dans les tuyaux de Kockelarena asbl, l’arrêt tramway „Stade de Luxembourg“, le siège du service des sports de la VdL, et un grand parking, desservant le stade et jouant également le rôle de parking de dissuasion.

D’autres bâtiments administratifs sont prévus sur le site, apparemment. Entretemps il a été décidé de construire un stade d’athlétisme à Hamm (?), un vélodrome à Mondorf (?), et bientôt une enceinte pour le basketball à … Schlindermanderscheid?! Pouquoi pas? Tant qu’à faire! Cette dispersion est synonyme de coûts supplémentaires énormes, et il faudrait passer la facture finale au ministre précité pour qu’il puisse la comparer à ses propres chiffres avancés, plein de bonne volonté (sic), aveuglement, il y a des années. 

D’une manière générale j’ose affirmer, une fois n’est pas coutume, qu’une occasion unique, voire historique, a été loupée pour réaliser cette cité des sports qui aurait pu développer sa propre vie, tout en y intégrant un souffle de vie, sportive, économique et sociale, sans pareil, au service du sport luxembourgeois, y incluant sportifs, spectateurs et personnel d’encadrement. Hélas, hélas… 

Augmenter la capacité du stade? Non merci!

Depuis peu nous assistons donc à une discussion sur une augmentation éventuelle de +- 2.000 spectateurs, apparemment très coûteuse, du stade national, construit il y a peu. Techniquement tout est possible, certes.  Aujourd’hui, la capacité maximale tourne autour de 9.200. Franchement, je ne suis pas sûr que le problème principal du sport luxembourgeois, et du football en particulier, se trouve à ce niveau-là. Ce n’est pas parce que deux ou trois matches se sont joués à guichets fermés, qu’il faut à tout prix augmenter la capacité de ce stade. Le prix ne vaudrait pas la chandelle.

Car la plupart des matches continuent de se jouer devant une coulisse beaucoup plus restreinte, de 2.000 à 4.000 spectateurs, dans un stade pouvant en contenir +- 9.200. Les matches „sold out“ sont l’exception plutôt que la règle. Et jouer dans une enceinte surdimensionnée n’est un plaisir pour personne. Il y a de très nombreuses années le soussigné, joueur au Paris FC, club de deuxième division, déjà à l’époque le petit frère du PSG (et récemment racheté par l’homme le plus riche de France, B. Arnault), jouait régulièrement devant 2.000-3.000 spectateurs, au Parc des Princes qui pouvait, et qui peut toujours, en contenir 47.000. Triste spectacle, pas d’ambiance, on pouvait même entendre sur la pelouse le bruit des pets de certains spectateurs, tellement cela sonnait creux.  

Pour comparer, prenons l’exemple de la Philharmonie, où je me suis déjà vu refouler plusieurs fois car affichant complet. Jusqu’à présent personne n’a réclamé une augmentation du nombre des spectateurs, si je ne m’abuse. En plus très très compliqué dans le cas d’espèce. Dans la Rockhal à Esch, on constate, souvent, le même phénomène.

Autres exemples puisés dans le domaine du foot. Je suis un habitué, bientôt de nouveau un abonné, du Stade Vélodrome de Marseille. Régulièrement ce stade, rénové et agrandi il y a quelques années seulement, affiche complet avec 64.000 spectateurs. Beaucoup de personnes sont refoulées systématiquement, manque de place. Il en va de même à Paris avec le PSG qui joue régulièrement à guichets fermés, toujours au Parc des Princes. Depuis des années on parle d’agrandissement ou de nouvelle construction au-delà du périphérique ou en banlieue, sans résultat tangible. Et alors, aurait demandé l’autre …? 

Pour être clair: autant je me suis démené pendant des années pour éviter la rénovation du stade de la route d’Arlon, ou la construction du stade privé prévu à Livange, autant je trouve la discussion au sujet de l’agrandissement du Stade de Luxembourg à Kockelscheuer une hérésie, lunaire, une fausse bonne idée, à côté de la plaque, ignorant surtout les vrais besoins du sport luxembourgeois. Pour le bien futur du sport luxembourgeois, investissons ailleurs et arrêtons de nous gargariser et de nous éterniser et de nous diviser sur un sujet, intéressant pour amuser la galerie, peut-être, mais n’apportant aucune plus-value pour le sport luxembourgeois.  

A moins que certains adorent faire du sujet un argument populiste pour animer les tribunes, mais sans jamais démontrer le bien-fondé ou la plus-value sportive et financière d’un tel agrandissement, sans parler de la relation coût/utilité, tant soit peu acceptable.