FranceRetraites: L’heure des syndicats?

France / Retraites: L’heure des syndicats?
Les syndicats sont perçus comme les plus en pointe dans le combat contre la réforme des retraites: le leader de la CGT, Philippe Martinez (C) Photo: AFP/Charly Triballeau

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Après les dix jours d’empoignades infructueuses à l’Assemblée nationale, principalement du fait de l’obstruction méthodique de LFI, et en attendant que le débat public s’ouvre au Sénat, lundi prochain, après cinq jours d’examen en commission, vient le temps d’un premier bilan.

Et ce bilan est, comme on pouvait s’y attendre, fort négatif pour La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon (voir Tageblatt du 19 février). Mais – plus préoccupant pour la démocratie – l’Assemblée elle-même, pour ne pas dire l’ensemble du Parlement, même si les sénateurs n’y sont pour rien, sort en lambeaux de la tragi-comédie qui s’y est jouée durant dix longues journées, transformant, selon le jeu de mots du Canard Enchaîné, qui n’en est jamais avare, l’hémicycle en … hémicirque.

D’une manière encore plus générale, la classe politique dans son ensemble, qui n’avait vraiment pas besoin de cela, aura sans doute encore creusé, grâce aux mélenchonistes, le fossé d’incompréhension, quand ce n’est pas de mépris, qui la sépare de la masse de l’opinion. Au point que l’une des réflexions souvent entendues après la fin de cette quinzaine est qu’après cela, l’abstention aux prochaines élections allait être encore plus spectaculaire que précédemment.

Dans cette classe politique, où le président Macron plonge par exemple à son plus bas taux de popularité depuis trois ans avec seulement 32% de satisfaits contre 65% de mécontents, seule Marine Le Pen – là aussi, on pouvait s’y attendre – en sort largement bénéficiaire, du fait du profil modéré qu’elle a affecté, et ses troupes avec elle, durant ces débats si houleux, même si sa motion de censure a été promptement rejetée par les députés. Selon le même sondage, publié hier par Le Journal du Dimanche, le RN arrive en effet en tête des partis dont les Français disent avoir „une bonne opinion“, avec 35% contre seulement 28% à la formation macroniste Renaissance.

Quant aux personnalités censées „incarner le mieux l’opposition à la réforme“, outre Mme Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, les deux suivantes ne sont pas des politiques: ce sont des leaders syndicaux, en l’occurrence Philippe Martinez pour la CGT et Laurent Berger pour la CFDT, à seulement quelques points derrière. Plus gratifiant encore pour les centrales: elles sont perçues, collectivement, comme les plus en pointe dans le combat contre cette réforme, très loin devant quelque formation politique que ce soit (à 20 points, par exemple, devant l’ensemble de la gauche rassemblée au sein de la NUPES).

En attendant la journée du 7 mars

Il ne s’agit certes que d’un sondage, mais qui vient corroborer un sentiment qui commence à se répandre: celui que, décidément, ce n’est pas au Parlement avec les partis politiques, mais dans la rue et les entreprises avec les syndicats, que va s’édifier avec le plus d’efficacité le barrage contre la réforme. Des syndicats qui accueillent évidemment cette embellie de leur image dans l’opinion avec satisfaction.

Car ils souffrent depuis longtemps, outre de leur division, du très faible taux de syndicalisation des salariés français – rarement supérieur à 10%, parfois inférieur à 5, sauf dans quelques secteurs particuliers comme les transports publics, par exemple, ou encore les entreprises de presse. Certes, lesdits salariés votent relativement nombreux aux élections internes, et se tournent spontanément vers leurs représentants en cas de conflit avec leur employeur. Mais ils ne sont pas nombreux à „prendre leur carte“. Or dans les différentes centrales, on enregistre depuis le début de la contestation une vague de nouvelles adhésions.

C’est un nouvel échec pour Macron, qui misait au contraire, dans cette affaire des retraites, sur le Parlement, et dédaignait au contraire les syndicats. Or ceux-ci ont réussi jusqu’à présent leur gestion des manifestations, se sont démarqués sans appel de la stratégie mélenchoniste du chaos, et ont su éviter l’impopularité que peuvent, à terme, susciter les grèves. Reste à voir, bien sûr, si cette habileté tactique vaudra aussi pour la grande journée de „mise de la France à l’arrêt“ du 7 mars et la suite des opérations. Mais pour l’instant, c’est bien l’heure des syndicats qui semble avoir sonné.

Firmin
20. Februar 2023 - 15.59

@JJ / Après la guerre les jeunes ont financés e.a. les retraites des vieux lorsque les caisses étaient vidées par les boches. Problème?

JJ
20. Februar 2023 - 10.52

Mr.Martinez a certainement une idée comment ses enfants et petits enfants vont financer sa retraite?