PolitiqueStéphane Hablot (NFP): „C’est une sorte de vote d’espoir“

Politique / Stéphane Hablot (NFP): „C’est une sorte de vote d’espoir“
Stépahne Hablot, maire de Vandœuvre depuis 2008 et député Nouveau Front populaire depuis la semaine dernière Photo: Stéphane Hablot

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Originaire du bassin de Longwy, Stéphane Hablot a fait sa carrière politique dans la banlieue de Nancy, à Vandœuvre, ville cosmopolite de 30.000 habitants dont il est devenu le maire en 2008. Membre du Parti socialiste, il est un des deux députés lorrains du Nouveau Front populaire. Il appelle à écouter l’électorat du Rassemblement national, pour mieux combattre le RN. 

Ils ne sont que deux députés sur 21 en Lorraine, à arborer les couleurs de la coalition de gauche du Nouveau Front populaire, après le deuxième tour des élections législatives du 7 juillet dernier. Ils sont tous les deux socialistes et ont l’agglomération de Nancy en partage. Dans la première circonscription de Meurthe-et-Moselle, Estelle Mercier l’a emporté facilement (avec 63,4% des voix) dans son duel avec sa concurrente du Rassemblement national, à la faveur du désistement du candidat macroniste arrivé en troisième position au premier tour. 

Dans la 2e circonscription de Meurthe-et-Moselle, le socialiste Stéphane Hablot, n’a pas eu besoin de front républicain pour gagner la triangulaire (trois candidats en lice) du deuxième tour. Il a pris une nette revanche sur le député sortant, macroniste, Emmanuel Lacresse (31,3% des voix), qui avait emporté leur duel d’une courte tête en 2022. Le maire de Vandœuvre-lès-Nancy, ville cosmopolite de 30.000 habitants, depuis 2008, a été élu facilement avec 45,17% des voix. Le RN est resté à un score faible de 23% des voix et peut juger comme un exploit de s’être qualifié au deuxième tour.

„Comprendre l’électorat“

Ne pas avoir eu besoin d’un barrage républicain pour l’emporter, n’est pas pour déplaire à Stéphane Hablot. „Le vrai barrage n’est pas de faire bloc contre l’électorat, mais de le comprendre“, dit-il. Comprendre ses soucis de sécurité et les inquiétudes que peuvent créer une immigration ressentie comme incontrôlée, c’est la manière dont Stéphane Hablot a réussi à faire de Vandœuvre une commune apaisée. „Je me suis battu à Vandœuvre pour éviter qu’il y ait des ghettos, pour casser des grandes tours. Il faut amener l’économie, le vivre ensemble. Il faut comprendre que les gens s’inquiètent, écouter les messages de colère, comprendre les villages qui ont été oubliés. C’est une sorte de vote d’espoir. Le Rassemblement national, c’est le parti communiste d’il y a 40 ans pour certains“, affirme-t-il, au regard notamment des votes dans les anciennes cités industrielles du nord de la Lorraine.

Quand les gens disent „il y a trop de migrants“, il ne faut pas retenir le message xénophobe. Quand les gens vivent la crise, ont du mal à manger, voient leur boite à lettres cassée, ils sont comme ceux qui, avant la Deuxième Guerre mondiale, avaient faim et sont allés vers des solutions barbares.

SI le RN, par le passé, faisait 40% dans les quartiers populaires de sa commune et de sa circonscription, il n’en fait plus que 15 ou 20% aujourd’hui, c’est l’effet d’une action politique qui sait réunir, en attirant les électeurs de quartiers résidentiels riches. Quand des habitants viennent se plaindre qu’il y a des logements pour les étrangers et non pour leurs enfants, Stéphane Hablot ne détourne pas le regard. Il prend sa voiture et emmène les plaignants voir des logements. Au reproche de clientélisme, il oppose son souhait de proximité, qu’il n’oublie jamais d’accompagner d’un rappel à l’ordre. „Je garde dans la tête les mots de Jean Jaurès: ,Il n’y a qu’une seule race: l’humanité‘“, dit-il. „Quand les gens disent ,il y a trop de migrants‘, il ne faut pas retenir le message xénophobe. Quand les gens vivent la crise, ont du mal à manger, voient leur boite à lettres cassée, ils sont comme ceux qui, avant la Deuxième Guerre mondiale, avaient faim et sont allés vers des solutions barbares“, observe-t-il.

„Respecter le pays“

Tout homme de gauche qu’il est, Stéphane Hablot n’a ainsi pas eu peur de manifester et de bloquer l’autoroute avec les forces de gauche contre l’idée de parquer des migrants dans d’anciennes casernes sur le territoire de sa commune déjà largement mise à contribution. „S’il faut accueillir les migrants fuyant une situation de misère ou de guerre“, dit-il, „il faut lutter contre ceux qui abusent des règles et se foutent la France.“ „Je suis patriote, mais pas nationaliste“, s’empresse-t-il de préciser. 

La faiblesse du vote RN dans sa circonscription, c’est peut-être aussi un accès aux services publics et de santé bien meilleurs que dans la France périphérique. „Le vote RN c’est la classe moyenne abandonnée, la France du travail qui se lève tôt, pas nécessairement des fachos ou des xénophobes, mais des gens qui veulent qu’on les écoute. Ils ne se reconnaissent plus dans des partis comme La France insoumise (LFI) ou le parti communiste qui ont passé leur temps à sortir les drapeaux de la Palestine au lieu de lutter contre les déserts médicaux“, jure-t-il. Les deux candidates insoumises, défaites dans les deux circonscriptions les plus septentrionales du département, dont le Pays Haut, n’ont, à ses yeux, pas su suffisamment tendre la main aux autres formations et donc renvoyer l’ascenseur pour être réélues. 

L’héritage communiste de la sécurité

Sa conception de la sécurité, Stéphane Hablot l’a d’ailleurs héritée du communisme dans le Pays Haut. „J’ai connu la gauche communiste dans les années 60 et 70 qui était ferme. Il y avait une perspective d’avenir et des règles à respecter.“ Il regarde avec un mélange de circonspection et d’espoir la situation à la frontière du Luxembourg et notamment dans le bassin de Longwy, dont la circonscription est passée dans les mains du RN. Pour lui, la situation de Longwy évoque celle d’autres villes de gauche comme Liévin ou Lens. „Quand on a des maires de gauche avec des députés RN, cela signifie clairement que des électeurs sont capables de voter localement à gauche et nationalement RN. Cela veut dire qu’il y a des aspirations nationales sur des thématiques à laquelle la gauche n’apporte pas de solution satisfaisante, alors qu’elle organise des choses localement.“

„Pour la sécurité aussi, il ne faut pas avoir peur. Je n’ai pas de leçon à donner, mais on sait bien qu’il y a des plateformes géographiques qui servent pour des économies parallèles et qu’il faut être ferme, qu’il ne faut pas avoir peur de travailler sur des thématiques de l’immigration, ni sur la sécurité, comme le Luxembourg sait le faire.“ Et c’est un même esprit pragmatique qui devrait à son avis gouverner les décisions au niveau national. Même s’il n’a pas bénéficié de désistement, Stéphane Hablot a dédié sa victoire à tous les électeurs. „Moi, je suis élu au nom de tous les habitants et non d’un parti. Ce ne sont pas les quatre ou cinq militants de ma ville qui vont remplacer les 30.000 habitants. Ce n’est pas le pouvoir des partis. Le mur de Berlin est tombé. Les dogmes sont morts, les statues déboulonnées, les gens ont envie d’autre chose.“

Le RN peut disparaître

„Le RN apporte des solutions sur la base d’un arrière-fond xénophobe, nationaliste. Le nationalisme, c’est l’écrasement des autres, la haine. Nous, nous devons agir par l’éducation. Si on règle dignement les problèmes soulevés par le RN, il n’y aura plus de RN. C’est ce qu’on a fait dans ma ville, à Vandœuvre. On a beaucoup travaillé sur le vivre ensemble, on a compris le problème de l’immigration, on ne le fait pas dans une idée de rejet de l’autre, mais dans une idée de réalisme. Sur la sécurité, il faut de la fermeté, casser les ghettos pour créer un meilleur cadre de vie, mettre de l’économie réelle. Répondre aux préoccupations des gens avec les valeurs partagées de la République. Que gauche et droite fassent des efforts les uns vers les autres pour rendre hommage au front républicain“, tonne Stéphane Hablot. Il prend pour modèle le Conseil national de la résistance, qui, au sortir de la guerre, réunissait un large spectre de la scène politique, des communistes aux gaullistes, pour répondre aux besoins élémentaires de la population: manger et se loger. „Nous, on a réussi à faire des logements passifs, avec des gens qui paient moins de charge. Voilà l’avenir, la bataille. Ce n’est pas seulement taper sur le patron qui crée de l’emploi.“ 

Pour que le front républicain opère, il faut que le gouvernement acte sa défaite. „S’il veut un gouvernement technique ou temporiser, Macron va mettre en colère les gens. Le peuple a dit non à sa politique“, pense Stéphane Hablot. „S’il est intelligent et raisonnable, il demande à la gauche et à la droite de faire un programme d’intérêt commun. Si quelqu’un de droite propose de ne pas assommer les entreprises, je peux voter oui si eux augmentent le pouvoir d’achat. Et s’il faut des moyens, ils sont trouvables.“ Comme en 1945, quand l’énergie fut nationalisée, ou comme durant le Covid, où l’argent soudain pouvait couler à flots …

fraulein smilla
17. Juli 2024 - 8.23

Il semble que la demi -vie du NFP soit plus courte que celle de la NUPES .