Critique littéraire„Attentat“ de Jean Schoos: les enquêtes policières de Fischbach

Critique littéraire / „Attentat“ de Jean Schoos: les enquêtes policières de Fischbach
Met fin à la série „Gudde Gendaarm, béise Gendaarm“: l’auteur Jean Schoos Copyright: Editions Guy Binsfeld 

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Jean Schoos présente le dernier volet de sa série policière „Gudde Gendaarm, béise Gendaarm“. Une fin fulminante? Critique. 

Né à Luxembourg en 1947, physicien et chimiste de formation avant de se tourner vers la psychologie et la sociologie, Jean Schoos est également actif sur la scène littéraire luxembourgeoise depuis ces dernières années avec une série de romans policiers mettant notamment en scène l’officier de gendarmerie René Fischbach, sorte de Maigret luxembourgeois confronté à différentes enquêtes haletantes. Il est l’auteur de la série policière intitulée „Gudde Gendaarm, béise Gendaarm“: après „Den drëtte Schlëssel. Dem Fischbach säin 1. Fall“ (2016), „Schaarf Munitioun. Dem Fischbach säin 2. Fall“ (2017), „Déidlech Ofgrënn. Dem Fischbach säin 3. Fall“ (2018) et „Operatioun Meedag. Dem Fischbach säi 4. Fall“ (2019), Jean Schoos publie le cinquième et dernier volet intitulé „Attentat. Dem Fischbach säi 5. Fall“, dans lequel vandalisme et cadavre constituent la toile de fond d’investigations captivantes.

A propos de la chronologie

Articulé en trois parties organisées chronologiquement (du 22 septembre au 7 octobre 1983, soit pendant une période de deux semaines), le roman de Jean Schoos commence, in medias res, par un acte de vandalisme perpétré au niveau de la signalisation de la voie ferrée entre Bettembourg et Dudelange. La locomotive De Dietrich, endommagée, est immobilisée, et ce en raison d’un poteau qu’on a fait sauter et qui bloque à présent le passage. Ce qui est en réalité un attentat est accompagné d’un courrier rédigé en anglais, apporté au bâtiment administratif de la société des chemins de fer par un jeune homme à l’aspect négligé. Pour éviter que le réseau ne subisse d’autres dommages, il faut que le conseil d’administration de la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois paye une somme de 10.000.000 LUF. S’il en est d’accord, il devra diffuser un message suivant de la station de radio locale le lendemain pendant le bulletin d’information de huit heures du matin, indiquant que le train circule à nouveau selon les horaires normaux.

Dans le quartier de Bonnevoie-Nord (Verlorenkost), René Fischbach, âgé de 50 ans et ayant 20 années de service à son actif, semble perplexe devant son bureau. Il a perdu son idéalisme. Il a certes atteint le grade de major, est donc mieux rémunéré, mais à quoi tout cela lui sert-il? Lors du bilan introspectif qu’il fait de lui-même, l’on constate qu’il a déjà été confronté à de nombreuses affaires criminelles: un chalet de chasse qu’on fait exploser, un directeur d’assurances exécuté, un cadavre dans les rochers de Berdorf, deux jeunes gens pratiquement exécutés, etc. Fischbach est mis au courant du chantage pécuniaire dont est victime la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois. L’enquête est désormais lancée. Une jeune femme est arrêtée, qui est venue déposer une autre lettre auprès du bâtiment administratif de la société des chemins de fer. Pour 1.000 LUF, elle s’est faite commissionnaire et messagère. La somme de 10.000.000 de LUF, répartie en cinq sacs jaunes, est récupérée à Walferdange par trois acolytes. Les gendarmes Massard et Seiler sont sur l’affaire, même si une partie des sacs jaunes contenant cette somme a disparu dans un des wagons du train transportant le tribut … Qui peut bien être l’auteur de ce détournement de fonds?

Entre Luxembourg et Berlin

La deuxième partie, de nature analeptique dans la mesure où elle constitue un retour en arrière dans une ligne narratrice (du 5 au 21 septembre 1983), occupe, avec ses 16 chapitres, l’essentiel de l’ouvrage. Nous apprenons que, quelques semaines auparavant, un cadavre a été retrouvé dans le Stausee: l’homme en question se trouvait depuis déjà longtemps dans l’eau. Il était nu et avait un trou dans la tête; ses pieds étaient attachés avec une corde à laquelle était accroché un cric. René Fischbach mène ses premières recherches (notamment auprès de l’hôtel Gruber à Steinheim où descend un certain journaliste berlinois), qui ne s’avèrent guère fructueuses.

Consciencieux, minutieux, et déterminé, Fischbach, qui passe d’investigations en réunions (du groupe „Stauséi“), est conduit, pour les besoins de son enquête, du „Garage US Cars and Vehicles“ de Garry Müller (s’agissant du cric de couleur jaune) à un échange téléphonique avec le directeur de la police judiciaire de Berlin, Günther Holzapfel, à un voyage à Berlin destiné notamment à rencontrer son homologue allemand. René Fischbach est par ailleurs impressionné par le style „confiseur“ stalinien des bâtiments berlinois. En fin limier, il est à la recherche d’indices permettant d’identifier le cadavre du Stausee. Qu’en est-il du décès tragique du dénommé Peter Falk? Quel est le rôle de Maurice Lacaf quant à ces événements? Les écoutes menées par la police porteront-elles leurs fruits? Notre gendarme pourra-t-il glaner quelque information pertinente grâce aux enregistrements dont il dispose sur cassettes?

Le dernier cas de Fischbach: „Attentat“
Le dernier cas de Fischbach: „Attentat“ Source: editionsguybinsfeld.lu

Dans la troisième partie qui suit à nouveau un ordre chronologique linéaire, René Fischbach – que l’on découvre aussi dans sa vie quotidienne et familiale avec son épouse Louise et leurs enfants – poursuit son enquête, malgré les affres, le stress et le malaise dû à un infarctus dont il est victime. Le dénommé Peter Falk, qui a fait des écoutes dans le périmètre de Dickweiler et de ses environs, revient au centre de toutes les attentions. Le directeur du SREL intervient également afin de mettre son grain de sel à cette affaire que l’on suit avec délectation. Un épilogue ainsi qu’une présentation synoptique des principaux personnages de l’ouvrage permettent au lecteur de mieux s’orienter.

Au revoir, Fischbach

En définitive, avec „Attentat“, Jean Schoos signe la conclusion d’une série qui illustre avantageusement le genre policier tant par sa dimension sociopolitique que prospectionnelle et humaine. L’aléatoire, l’ambiguïté des intentions, la fragilité de l’action et les circonstances qui échappent à une maîtrise consciente sont naturellement des ingrédients que le lecteur saura apprécier, mais aussi la sociologie/psychologie compréhensive ainsi que le décodage pertinent dont fait preuve le célèbre gendarme luxembourgeois, René Fischbach, que l’on quitte à regret.

Informations sur le livre

Jean Schoos, „Attentat“, Luxembourg, éditions Guy Binsfeld: 2024, 192 pages, ISBN 978-2-919822-02-7.