ExpositionExposition photographique aux Rotondes – Regards sur le temps passé

Exposition / Exposition photographique aux Rotondes – Regards sur le temps passé
Les Rotondes et leurs proches alentours sont jalonnées de douze voyeuses pour découvrir les interventions visuelles de douze artistes Photo: Sven Becker

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Comment donner une nouvelle vie à des photos des années 50 et 60? C’est la question à laquelle répondent les Rotondes avec l’exposition „Les voyeuses“.

Comme souvent, dans les institutions culturelles qui ont fait leur nid dans d’anciens bâtiments qui ne leur étaient pas initialement destinés, des photographies accrochées au mur entretiennent l’histoire du bâtiment. À l’abbaye de Neimënster, on trouve d’anciennes photos de cellules de prison. Aux Rotondes de Bonnevoie, d’anciennes photos de bus et de leurs chauffeurs. On peut mettre en valeur ces clichés dans des expositions à caractère historique où elles viennent témoigner du passé. Les Rotondes l’avaient déjà fait lors de leur ouverture en 2015, avec l’exposition „Rotondes 2.0“. Mais ces photos peuvent aussi servir de matière première à de nouvelles approches artistiques. C’est ce que font les Rotondes cet été avec le projet „Les voyeuses“.

Va-et-vient

La perspective d’être privées de leur galerie, en raison de travaux, pousse les Rotondes à être créatives. Et cette contrainte épouse le souhait de diriger le public nombreux qui vient profiter en été de la terrasse et de l’offre de concerts du programme „Congés annulés“, vers de nouvelles propositions culturelles.  Alors, en collaboration avec la Photothèque, le centre culturel a décidé de confier douze photos d’époque (prises par Pol Aschmann, Edouard Kutter, Romain Urhausen, Théo Mey et Tony Krier) comme espaces de réflexion et de création à douze artistes – illustrateurs, photographes, graphistes – pour en faire une exposition de plein air. „L’envie était là depuis un certain temps, de faire quelque chose avec ces chouettes photos, de faire le va-et-vient entre ce qu’il se passe aujourd’hui et ce que l’on voit du temps passé“, explique Marc Scozzai, programmateur arts visuels des lieux.

Les artistes retenus n’avaient pas d’autre consigne que celle d’intervenir sur les photos qu’on devait encore pouvoir reconnaître en partie après ladite intervention. Yannick Tossing a choisi de coller au plus près à la technique du collage. Habitué à prendre des photos qui pourront servir à des collages ultérieurs, il a notamment sélectionné des décorations carrelées portugaises – azulejos –, dont il a dallé le sol de la cour des Rotondes, sous un ciel obstrué de briques. 

Étienne Duval a vu dans les structures arrondies des Rotondes une invitation au divertissement.
Sa série „Schuebi annulée“ intègre des éléments emblématiques de la fête foraine comme le carrousel, la grande roue ou les montagnes russes. L’artiste touche-à-tout, qui fait autant dans le rap viral que dans l’aménagement urbain, et est à la tête d’un atelier d’architecture et de design ludique, Yo studio, 
n’en est pas à son premier coup d’essai aux Rotondes. On lui doit le nouveau mobilier des Rotondes créé en 2022 avec Julie Marthe Hoffmann, la réalisation d’une fresque pour le „Moolt ons een…“ en 2023 et la réalisation d’un phonotrope dans l’exposition „Turn on“ au printemps dernier. L’architecte d’intérieur Cana Somay Panayırcı a, comme lui, pensé au jeu, mais a imaginé que le site aurait pu commencer par là et donc imaginé des attractions du passé qui auraient eu lieu sur place comme un cinéma drive en plein air.

Voir loin dans le temps

Jeannine Unsen ne pouvait être qu’intéressée par le projet. Son père état chauffeur de bus. Quand elle a vu les photos, elle s’est sentie immédiatement propulsée dans son enfance. „J’avais l’impression de ressentir les odeurs, les ambiances; le froid aussi.“ Elle a voulu ajouter aux photos d’archives une nouvelle couche temporelle sous forme de broderies colorées. Lise Walgenwitz a fait une proposition moins en rapport avec le temps qui passe: elle a ajouté à chaque visuel un fragment du spectre sonore d’une chanson d’un groupe en concert durant le mois d’août dans le cadre des „Congés annulés“.

On peut découvrir sur place, dans douze stations correspondant à chacun des lieux de prise de la photo – sauf pour les photos aériennes –, le résultat de ces explorations artistiques. Les Rotondes ont appelé les dispositifs construits par ses services des voyeuses pour mieux jouer sur l’ambiguïté du terme et attiser la curiosité. Ce sont des sortes de „longues-vues qui permettent de voir loin… dans le temps“. Le dispositif rappelle les flipbooks, auxquels les Rotondes avaient consacré une exposition remarquée en 2023. L’éclairage dans ces boîtes n’est pas optimal, quand la luminosité naturelle est forte. Mais qui dit voyage (dans le temps), dit carte postale, qu’on emmène pour garder souvenir de cette exposition audacieuse ou en partager l’expérience avec des proches. À l’entrée du site, le visiteur peut acquérir, au prix de cinq euros, les six cartes postales de l’artiste qu’il souhaite, ou, pour dix euros, une sélection de douze cartes – une par artiste.

À voir aux Rotondes à Luxembourg-Bonnevoie, jusqu’au 21 août 2024

„Schuebi annulée“, d’Étienne Duval (sur une photographie d’Édouard Kutter, 1963)
„Schuebi annulée“, d’Étienne Duval (sur une photographie d’Édouard Kutter, 1963) Photo originale: Photothéque de la VdL
„Have you been here, dad“ de Jeannine Unsen (sur une photographie de Pol Aschmann, 1955)
„Have you been here, dad“ de Jeannine Unsen (sur une photographie de Pol Aschmann, 1955) Photo originale: Photothèque de la VdL