Savoir raison garder

Savoir raison garder
(Christian Aschmann)

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A New York, le chef de l’Etat a fait un discours de fort bonne tenue. En rappelant à la tribune onusienne non seulement la raison d’être des petits Etats, mais, en ce disant, le droit territorial et les droits à l’indépendance et la souveraineté, Henri a été à sa place.

Ses paroles doivent être analysées sur toile de fond de crise politique internationale: Palestine, Syrie, Liban, Mali, à savoir autant de contrées où l’éclatement territorial serait à terme synonyme de catastrophe.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

L’intervention du Grand-Duc, d’ailleurs la première
du genre, a eu lieu à un moment de vive polémique dans l’opinion publique nationale. Le mariage du prince Guillaume doit-il peser sur les caisses de l’Etat? Coûte-t-il trop cher? La future princesse doit-elle bénéficier d’une procédure de naturalisation accélérée, etc.?

Sachons donc raison garder.

Guillaume, sauf accident de la vie, sera le futur chef de l’Etat et monarque. Il se trouve que les Luxembourgeois, majoritairement, à en croire les sondages, n’ont jamais voulu abolir le régime monarchique. Dans le droit fil, ils doivent financer la Cour grand-ducale. Car qui dit A dit B.

D’ailleurs, seraient-ils naïfs au point de croire que la République serait gratuite?

Voyons donc la situation de façon pragmatique.

Le Grand-Duc et le Grand-Duc héritier bénéficient d’une dotation. Tous deux représentent leur pays au plus haut niveau, étudient leurs dossiers, sont prêts à tout instant à jouer les médiateurs.

Oh, pas toujours, diront d’aucuns. Il est vrai que lors du débat sur l’euthanasie, Henri a failli à cette tâche-là. Aujourd’hui, cette situation ne peut plus se reproduire, la Constitution ayant été amendée.

Il n’empêche: tant Henri que Guillaume ont été à bonne école. Ils ont appris leur métier (c’en est un), et l’exécutent très correctement. Sûrement avec autant de talent que ne le ferait un chef d’Etat à l’allemande, désigné par des partis.

Le mariage donc

350.000 euros, voilà de quoi jaser … Vraiment? Un tronçon d’autoroute refait dix fois, que coûte-t-il? Et quelle est la notoriété, le prestige que le pays en tire?

„Peanuts“ donc, même en période de crise, pourrait dire tel banquier allemand en regardant le chiffre cité. Au fond, la polémique est ridicule. Comme l’est celle sur la procédure de naturalisation.

Personne ne trouve à redire quand un Girardelli ou tout autre sportif (peut-être découvrira-t-on des années plus tard dans certains cas que l’heureux hôte s’est dopé pour en arriver à son niveau de performance …) obtient la nationalité luxembourgeoise. Alors, pourquoi pas la future Grande-Duchesse et future première dame? Certes, et en cela c’est le maire de la capitale qui a raison, eût-elle pu garder la sienne, tout simplement. Car cela change quoi, en vérité, que devenir Luxembourgeoise?

A l’heure de l’intégration européenne et de la mondialisation, ce n’est ni une nationalité, ni une couleur de peau qui doivent choquer. Ne sommes-nous pas, tous et toutes, citoyens du monde?

En revanche, et cela est typique aussi, nul ne semble s’interroger sur l’accent mis dès le départ sur la „religiosité“ de l’heureuse élue. Pourtant, ses croyances personnelles, sa spiritualité, ne concernent pas le pays. L’Etat se doit d’être laïc dans ses actes publics, et il serait de bon aloi qu’à haut niveau, on s’en souvienne.

Oui aux réceptions officielles, aux dîners, aux fleurs et au tapis rouge. Sachant que les cérémonies religieuses sont du domaine privé, au gouvernement de faire la part des choses.

Pour le reste, rappelons-nous, lucidement, que la vie d’un Grand-Duc et chef d’Etat n’est pas faite que de fêtes et de mondanités. Vivre en cage, toujours sous les regards des autres, exposé constamment à la critique, n’est pas exaltant. Et qu’on ne réponde pas „ils l’ont choisi“. Ce serait trop facile. Car s’ils le veulent bien, le peuple le veut bien aussi. Sans quoi il aurait opté pour la République. Ce qui, à notre connaissance, n’est pas le cas.

Que Guillaume et Stéphanie profitent de leur bonheur de jeunes amoureux. Et que les citoyens s’intéressent enfin aux vrais problèmes qui ont pour nom chômage, désindustrialisation, éducation, intégration, crise financière et mainmise étrangère sur les centres vitaux économiques.